quinta-feira, 24 de abril de 2014

Entretien avec Pedro Freitas coordinateur du  « Mouvement Soulèvement Populaire de la jeunesse pour la justice et la vérité » à São Paulo.

Marilza de Melo Foucher 

Votre génération n'a jamais étudié dans les écoles, dans les collèges la véritable histoire de la dictature au Brésil.

Pourquoi avez-vous créé le mouvement «Soulèvement populaire pour la justice et la vérité »?


Le mouvement est né dans l’’Etat de Rio Grande do Sul en 2006, mais son élargissement au plan national à pour origine  le campement  national réalisé au début de 2012. A cette occasion, le mouvement  a fait le constat  que la lutte pour la mémoire, la vérité et la justice n'était pas été défendu comme il se doit par la gauche brésilienne. Les militaires faisaient pression sur le gouvernement fédéral  et la grande presse les soutenait. La liste des candidatures à la Commission Nationale de la vérité trainait. Nous en avons conclus que des actions  étaient nécessaires pour assurer l'installation de la Commission nationale pour la vérité.
C'est ainsi  que  le mouvement a commencé à faire campagne pour la mémoire, la vérité et la justice. Inspiré par les manifestations ciblées pour dénoncer l’impunité des tortionnaires menées dans d'autres pays d'Amérique latine, avec qui nous avons beaucoup à apprendre, nous avons réussi à organiser une journée nationale appelés des « escrachos »ou  « esculachos »   pour démasquer  les tortionnaires  et dénoncer l'impunité des crimes de la dictature. La méthode a permis de  donner une visibilité à la lutte.

La démocratie brésilienne est presque aussi jeune que vous ... Pourquoi n’y a-t’il pas  une grande commémoration au Brésil pour fêter la démocratie et dire une fois pour toutes la dictature plus jamais?

Le processus de transition de la dictature à la démocratie au Brésil a été conçu par l'armée pour être lent, progressif et sûre. Ainsi, il n’y a pas eu de rupture brutale  de  la société pour parvenir à la démocratie. Cette façon d’organiser la transition démocratique se reflète jusqu’au aujourd'hui dans le pays par certains comportements. Si les militaires dans les années 1960 et 1970 n'ont jamais été puni pour leurs crimes de persécution, de torture et de meurtre aujourd'hui, un policier militaire (PM) agit encore avec  la logique de la lutte contre un ennemi interne. Un PM qui torture et tue tous les jours les jeunes noire et pauvre à la périphérie des grandes villes. En outre, le système politique d’aujourd'hui a conservé l'influence des grands propriétaires ruraux, des entrepreneurs et des quelques familles qui contrôlent les moyens de communication de masse, et ils continuent sans donner la possibilité de participer au  peuple brésilien. Ces questions nous amènent à considérer que la démocratie que nous avons aujourd'hui est profondément marquée par la période de la dictature, de sorte que la lutte pour la mémoire, la vérité et la justice est à l'ordre du jour car il y a de nombreux problèmes non résolus. L'absence de rupture, le rôle des grands médias, la continuité de ce  système politique expliquent  pourquoi cette date n’est pas un événement national.

Vous êtes en train de contribuer à la construction de l'histoire politique qui a créé un vide politique et culturel depuis des décennies. Il a eu l’exil des artistes, écrivains, cinéastes, chanteurs, des politiques. Beaucoup voix réduites au silence, une génération toute entière qui simplement clamait pour la justice sociale. Que pouvez-vous faire pour obtenir une meilleure adhésion des jeunes Brésiliens à ce mouvement?


Le Mouvement  Populaire de la Jeunesse est un mouvement social autonome qui a pris naissance dans le Rio Grande do Sul en 2005 afin de permettre l'organisation la jeunesse de la campagne et  des villes, tant dans le milieu étudiant que dans les périphéries urbaines, pour lutter pour un projet populaire pour le Brésil. Il s'agit d'un mouvement organisé qui rassemble  divers segments de la jeunesse dans des lieux différents autour d'un projet de société, la lutte pour un changement structurel au Brésil. Le mouvement  est organisé dans plus de vingt Etats du Brésil, aujourd'hui nous avons des groupes organisés sur le terrain, nous sommes présents dans les écoles, dans les quartiers, les universités et les d’autres établissements scolaires. Avec ce travail, nous organisons des jeunes à l'éducation, l'agitation et la propagande. Les combats pour la justice et vérité sont organisés dans chaque lieu, et c'est ainsi que nous réussissons  à mobiliser la jeunesse.

Les médias au Brésil sont intéressés à cette forme de protestation dans la défense des droits de l'homme?

Les grands médias au Brésil sont contrôlés par quelques familles. Ces médias ont soutenu le régime militaire et ont été de connivence  avec les crimes de la dictature. Ceux qui s'opposaient ont été censurées. La lutte pour la démocratisation des moyens de communication a été menée par notre mouvement en 2013,  car les grands médias ont été les principaux modes de transmission de la pensée conservatrice dans le pays, avec une grande influence sur la population.

La tentative de criminalisation des mouvements sociaux est constante et la couverture des  actions pour la défense des droits de l'homme reste marginale, timide. L'éditorial apparu dans le journal « Fôlha de Sao Paulo » du 30/03/2014 renforce l'idée d'une polarisation et d’une confrontation entre deux parties opposées dans les années 1960 et 1970, ignorant qu'il y avait une politique de terreur de l'État pour l'éliminer les  opposants au régime.

La presse dite alternative a permis  une bonne couverture aux manifestations pour la défense des droits de l'homme.

Quel message voulez-vous passer à ces jeunes brésiliens pour  ces 50 ans du coup d'État militaire? 

Le coup d'État militaro-civil en 1964 a interrompu un processus de réformes structurelles nécessaires jusqu’à aujourd’hui au Brésil. Avec le coup d’État a commencé une longue période de persécution politique et de répression brutale, qui a grandement affecté la jeunesse brésilienne. Les jeunes ont joué un rôle important durant cette période, de sorte que l'une des premières actions du régime militaire a été  de brûler le bâtiment de l'Union nationale des étudiants à Rio de Janeiro, compte tenu de la menace que représentait  l'organisation de jeunesse pour le régime. La jeunesse a s’est organisée, a participé au le mouvement de contestation,  certains à la lutte armée, tous ont été persécutés. Beaucoup ont été torturés, tués et ont laissé leurs familles dans la détresse.  Jusqu’à présent les familles attendent  la justice contre les criminels militaires qui restent dans l’impunité. La jeunesse d'aujourd'hui doit beaucoup à la jeunesse des années 1960 et 1970. Il est regrettable qu’il existe toujours la culture de l’autoritarisme, de la répression de cette période qui se manifeste encore aujourd’hui chez la police militaire et qui affecte directement la vie de la jeunesse brésilienne. Le système politique et sa législation n’ont pas tellement évolué. Il est essentiel de comprendre que seule la jeunesse organisée et la pression sociale peut faire, bouger les choses. C'est ainsi que nous pouvons atteindre le but de notre démarche, réussir à faire pression pour une autre assemblée constituante pour réformer le système politique, pour punir les auteurs d'hier et aujourd'hui.



Nenhum comentário: